3. L’un des grands risques de n’importe quelle mouture théorique est l' »empathie négative ».
L’empathie négative est une forme d’empathie tout à fait naturelle entre le sujet et l’objet (un phénomène… §1), mais où le sujet pose comme acquis (ne pose donc pas) un a-priori positif envers son objet, doublé d’un a priori négatif (réciproque ?) envers sa « propre encontre ».
Ce phénomène est visible dans les domaines qui, par choix, illisible ou naïveté théorique ressortissent des « cultural studies » (le lecteur note que je n’ai pas écrit « woke »).
Cet à-priori négatif sous-entend que la science moderne a échoué une partie de son objectif, supposant quelques axiomes fautifs.
Il suppose en outre que l’objet de son étude, en revanche, appartient à une culture dont la science, les savoirs, les savoir-faire et être sont plus justes, plus purs ou moins pervertis (que les siens).
On assiste alors à un double déphasage.
Soient A et B.
— A suppose que son contexte global personnel (sa culture, ou la culture de la civilisation dont il est issu, est biaisée d’une manière ou d’une autre (mais il est pleinement conscient) et,
— A feint de voir que le contexte global personnel de B est donc valorisé (ce qui n’est pas une chose de moindre valeur : cela induit de fait une dichotomie dans l’ordre de la pensée, cela discrimine, à rebours de l’intention affichée, à nouveau, une dimension vulgaire et séculière d’une dimension idéalisée ouverte donc à tous les risques de la métaphysique), ce qui est donc un double escamotage : A valorise B sans le dire tout en se plaçant, dans cette dialectique, comme celui qui est précisément investi de la science de la discrimination, et donc replace B dans une situation de dépendance vis-à-vis de A.
Enfin, de ne rien de B qui, probablement, a lui aussi des idées sur son propre univers de référence, chahute probablement les codes qui lui appartiennent, et évalue d’un milieu ou d’un autre cet univers-là à l’aune des autres univers, aussi bien celui de A, mais aussi celui de C, de D, d’Y ou Z.