Un texte de Pistes et sillages, une série de textes poétiques nés de l’écoute des préférés de la discothèque. Base d’improvisation, ou simplement paysage et divagation. Une anthologie.
Je le traite en trois parties, chacune débutant par une kyrie de Guillaume de Machaud : Musique première 01 02 03
Sommaire
Kyrie III [Guillaume de Machaud]
Suite et fin. Dans la cassette l’or
forme de brindilles et de miettes
sans valeur le poids
d’une plume.
Dans le château une salle
La figure qui y reste
qui sait ? visage défiguré
cœur meurtri
âme inquiète ?
la figure danse seule,
puis ne danse plus.
le nu de la pierre, des murs et des voltes
le nu du sol,
auquel répond,
dans l’hiver bourgeonnant
le nu.
Fantaisie en quatre parties [Henry Purcell]
Des éthers, des humeurs qui
glissent dans les canules de la
cornue, forment nuage
et mots mystères.
La marqueterie est fine, finement
découpée, ciselée, sous le pas
des danseurs, il en faut une
pour les autres.
Ô force de la sagesse [Hildegard von Bingen]
La fin des steppes, la fin des pelouses
à perte de vue, au pied de la falaise.
Le chemin sera long, la nuit fait
fond sonore, tranquille, familier.
Même les bêtes nocturnes
accompagnent compagnonnes.
C’est une marche, qui se tient entre
la plaine et la montagne.
Il n’y a pas d’ennemi
dans la quête de soi.
Même : le monde fait défaut
dans le soin de soi.
Il n’y a pas de guerre ;
même : toute guerre est écrasée.
Le corps n’est que la coïncidence
entre montagne et plaine.
Le corps n’est que la forme informe,
difforme, et traduit mal
ton âme.
Uleg-Khem [trad. Tuva]
Des confins naissent des légendes,
des légendes naissent des formes merveilleuses,
des formes merveilleuses naît la curiosité
et le voyage, et de la frontière
le contact.
Et du contact l’amour et la guerre.
La lune avale le soleil.
Le soleil engloutit la lune.
Le lait fait l’herbe.
L’herbe le lait.
Adieu, bien 1. Pour toujours [Christopher Tye]
Adieu, il faut quitter
tout cela,
la guerre donc
l’ailleurs
le désir
la nuit
l’herbe
l’âme,
les raisons
ne manquent pas.
Adieu, mon âme, mon herbe, ma nuit
mon désir, mon ailleurs, ma guerre.
Ma maison.
Recueil de chansons où chaque vers est rempli de chagrin [Alfred Schnittke]
[Pièce maîtresse du disque, d’une incandescence et gravité rarement atteintes, bouleversante.]
Où es-tu mon amour ?
Ô,
mon amour ?
Où est la nuit, où est l’herbe,
et où, la guerre ?
Ô mon amour, où es-tu ?
Où es-tu, où es-tu, où ?
Où es-tu où ?
Ô !
Ô. Mon amour. Où est la nuit.
Où es-tu ? Où est l’herbe ?
Où es-tu ?
Où est le lait ?
Où est le couteau ?
Passe des oies, traînant les
colonnes de brume exsudée de l’étang.
La neige est restée. Où est l’herbe ?
Mon amour, où es-tu ?
Où le bétail ? Où le lait ? Où la viande ?
Où est passée la mort ?
Où es-tu, où es-tu, où es-tu, où es-tu, où es-tu, où es-tu, où es-tu, où es-tu, où es-tu, où es-tu, où es-tu, où es-tu, où es-tu, où es-tu, où es-tu, où es-tu, où es-tu, où es-tu, où es-tu, où es-tu, où es-tu, où es-tu, où es-tu, où es-tu, où es-tu, où es-tu, où es-tu, où es-tu, où es-tu, où es-tu, où es-tu, où es-tu, où es-tu, où es-tu, où es-tu, où es-tu, où es-tu, où es-tu, où es-tu, où es-tu, où es-tu, où es-tu, où es-tu, où es-tu, où es-tu, où es-tu, où es-tu, où es-tu, où es-tu, où es-tu, où es-tu, où es-tu, où es-tu, où es-tu, où es-tu, où es-tu, où es-tu, où ?
Les trois parties : Musique première 01 02 03
merci