Qu’est-ce que tu peux donner sinon de l’absence ?
Cela… qui est si évident, tellement l’évidence même, la connivence, la confiance… Cela… qui s’évanouit comme rien. Cela… n’est rien.
Pense un peu, aussi, toi, à ce qu’on peut faire. Et qu’on ne fait pas.
Tu ne sais pas le chemin
tu ne sais pas l’effort
tu ne sais pas la douleur
tu ne sais pas le manque
tu ne sais pas combien tu te retrouves seul
au fond du lit
combien tu es seul au fond du lit
avec des mains trop larges
et des images plein la tête
Mais même ces images se brouillent
s’évanouissent
le manque est un soleil
qui aveugle et résorbe le corps
1. Tu cherches le baiser ou la peau, leur grain
mais pourquoi n’es-tu pas mort lorsque c’était possible
2. Tu cherches la forme du visage, évanoui !
3. Tu cherche les senseurs des doigts qui jadis
— semble un temps révolu —
couraient sur la peau
caressaient les seins
dessinaient les aréoles
cernaient
4. Tu cherches l’odeur et le goût
de la chaleur
de l’entrecuisse
Rien ! Tu ne sais plus
rien, tu ne sais plus
rien, tu ne sais plus
le goût âcre et acidulé
de l’humide de son sexe
tu ne sais plus rien
ni les poils
ni les peaux
ni les eaux
Rien ! Tu ne sais plus
la flaveur de l’intriqué
5. Et puis les images obscènes
tu les cherches
encore
les nus, les déshabillés
les faux-du-corps
les angles
les lumières
quand tu
retournais tout le corps
le ployais
le malmenais
l’écrasais
l’emboutissais
accroché à ses fesses
ou à ses seins
ou l’incohérent délire
de tes doigts et
de ta langue
…
la plus intime et banale nudité
devient ce vide rayonnant
le corps, le cul, la poitrine
deviennent
l’inimaginable
l’insignifiant
l’inaccessible
en étant loin d’elle
tu es loin de toi
tu sais que jamais plus
tu ne pourras lécher son sexe
la prendre comme un chiffon
et l’inverse aussi
jamais plus le tien ne sera
pour elle
ce moyeu
ce moyen
ce timon auquel elle assignera
sa vie
l’amour est un salaud parce qu’il
détruit le temps
et indivise
nie l’individu / la division
et le langage est encore plus frêle
et fautif
que l’image
pour dire cela…
Cela… qui est si évident, tellement l’évidence même, la connivence, la confiance… Cela… qui s’évanouit comme rien. Cela… n’est rien.
Ita missa est :
- Minuscule requiem en fa dièse | 1. Introït
- Minuscule requiem en fa dièse | 2. Kyrie
- Minuscule requiem en fa dièse | 3. Sequentia (1)
- Minuscule requiem en fa dièse | 3. Sequentia (2)
- Minuscule requiem en fa dièse | 3. Sequentia (3)
- Minuscule requiem en fa dièse | 3. Sequentia (4)
- Minuscule requiem en fa dièse | 4. Offertorium
- Minuscule requiem en fa dièse | 5. Communio
- Minuscule requiem en fa dièse | 6. Absoute