Je me demande si, au fond, tu aimes la littérature.
Elle t’attire certes, mais dans le même temps tu lui résistes. La manière dont tu résistes au récit, à la nuit des livres, à la déportation, mais la manière dont tu t’adonnes au langage, dont tu lui cèdes, dont tu t’abandonnes et te soumets à lui, pour créneler jusqu’au débord de ton âme – et finalement tu te fermes en lui.
Le silence des mots du livre te nuit – et t’effraie !
Une voix d’ailleurs que tu tais.
Tu résistes, et opposes à ce fourmillement des voix le bloc de la pensée, alors que la pensée dérive en le livre jusqu’à rénover tous les sites.
Lorsque tu prétends assaillir, tu rampes, et lorsque tu crois enjamber l’œuvre vers des horizons nouveaux, tu ne fais que creuser jusqu’à la lie le sillon de ta défaite.
Il n’y a pas de racine à ton ébauche ; et à la fin de la nuit, tu ressors seul, sans avoir essoré les vapeurs qui brouillent le réel.