Farigoule abouti, je me donne nouvelle tâche, un nouveau récit, Le Magasin (titre provisoire — ou pas) : chapitre hebdomadaire. Voir si ça vient, voir si ça tient. Peut-être construirai-je un espace exprès, pour l’instant on ne sait pas.
J’ai rêvé une nuit du Magasin. Un monde en soi, un contenu. Comment cela est agencé. Ce qu’il s’y passe. A quoi ça sert. Des phrases simples, des situations d’autant. Cartographier le lieu ne suffit plus : ici questionner l’habiter.
Personne n’en avait fait le tour complet : il n’existait pas de carte pour ce lieu. On soupçonnait qu’il était immense, au point que ses frontières concernaient d’autres hommes, d’autres zones, d’autres paysages, d’autres préoccupations.
Quant à nous, on restait plus ou moins dans le même périmètre — ça nous suffisait ; à assouvir nos tâches, nos besoins, nos activités. On n’avait pas besoin d’avoir de nouvelles de l’Extérieur, pour autant qu’on jouait correctement notre rôle. D’ailleurs personne n’était venu de l’Extérieur depuis longtemps, et nous autres nous désintéressions de son existence, nous le négligions. Personne de chez nous ne réclamait son billet.
Dans un tel bocal, bien sûr, des histoires germaient, se fortifiaient, macéraient et devenaient légendes. On disait que derrière les bornes, il n’y avait rien, on disait qu’on en revenait pas, on disait même que l’Extérieur n’existait pas.
On se renfrognait. Nous autres, on avait des choses à faire, on se dégourdissait dans l’agriculture ou les beaux-arts, on construisait des habitations. On faisait des quartiers. On aurait dit que nous étions faits pour ce monde — autant qu’il l’était pour nous. On parvenait, à force de détermination, à excaver de nouvelles niches, des alcôves où on entreposait un peu de tout : des sentiments, des espoirs, des objets, nous-mêmes parfois.
J’ai rêvé une nuit du Magasin. Il m’apparaissait étalé au grand jour, plan et sans cachette, toutes dimensions confondues, et j’ai vu. J’ai vu les hauts quartiers, là où d’autres s’entraînaient. Habillés de treillis militaires. Pour quoi ? Pour qui ? On n’avait pas besoin de s’entraîner. En treillis militaire.
J’ai pris la résolution d’écrire : circonscrire. Je ferai le tour du Magasin. J’en lèverai la carte. Si les dieux me permettent. J’irai me cogner aux bordures du Dehors.
LE MAGASIN : suivant
http://www.motmaquis.net/spip.php?article127
je pense en te lisant à cette newtopie, un court extrait du Journal du brise-lames que j’ai mis en ligne un jour, à beaucoup d’autres passages aussi, je vais suivre ton Magasin