Le texte
Spoon River, Catalogue, Othello, 2016
979-10-95244-03-5 – 192 pages – 15€
↭ édition de Patrick Chatelier
↭ sur une idée de Benoît Vincent
↭ photographie de couverture de Mario Giacomelli
✓ publication juin 2016
♨ traduction en ligne 2011-2012, reprise 2015-2016
Lectures
Le projet — au long cours — a vu plusieurs lectures se succéder dans les âges, notamment en duo avec Patrick Chatelier à Paris en juillet 2013 (au cours du festival Instin rue Dénoyez, Belleville), et d’autres lieux plus ou moins interlopes, funéraires ou marginaux…
Plus récemment ou bientôt :
• le 3 décembre à Paris, lors de la soirée Instin à la Maison de la Poésie, à partir de 20h, en solo ; programme ici.
Quatrième
L’anthologie de Spoon River (Spoon River Anthology) est un recueil de poèmes d’Edgar Lee Masters publié en 1915, puis dans une édition augmentée l’année suivante ; chaque pièce est le témoignage d’un défunt du cimetière d’une petite ville du comté de Peoria, Illinois, près de la rivière Spoon. Les habitants sont enterrés sur la colline, et ils parlent, forment une constellation de voix ferraillant âprement dans les vicissitudes de leurs passé, de leurs relations, de leurs commerces, de leurs amours. Paroles de fantômes, ces poésies libres intéressent directement le Général Instin, qui s’est attelé à la tâche de les traduire dès après leur parution. Le texte est la troisième traduction française du recueil, après celle de Kenneth White et Michel Pétris, sous le titre Spoon River (Champ Libre, 1976), et celle de Patrick Reumaux sous le titre Des voix sous es pierres. Les épitaphes de Spoon River (Phébus, 2000), marquant ainsi le centenaire de la publication originale.
A l’origine projet instinien né sur ce site, au cours d’une traduction libre quotidienne par mes soins en 2011-2012. Le texte est finement relu et peaufiné par Patrick Chatelier en 2015-2016, puis remixé par d’autres membres du collectif, pour finalement paraître dans son entièreté avec un livret de nouveaux poèmes.
Une préface possible
Tout commence par la découverte d’un manuscrit dans diverses malles ayant appartenu au Général Instin chez un bouquiniste du XIIe arrondissement de Paris. On ne sait pas quand ces pièces ont été retrouvées ; ni quand elles ont été écrites. On sait seulement qu’elles sont bien de la main du Général Instin, dont on peut supposer qu’il les a traduites lors de campagnes à l’étranger ; il existe peut-être d’autres versions.
Comment le GI a-t-il eu connaissance de ces textes ? Par quel biais ? Cela reste et demeurera inconnu. Le cahier qui rassemblait ces poésies était fort abîmé, et demeure incomplet, soit que certains feuillets ont été volé ou perdu, soit que le GI n’aie pas eu le temps ou le goût de traduire tous les textes — soit même qu’il n’en aie pas eu connaissance. Plusieurs textes sont également modifiés par le Général : tronqués, abusivement traités, remplacés (interprétés ?) par des images, ou tout bonnement réécrits. Cette liberté que s’autorise ce personnage pourtant célèbre pour sa rigueur ne laisse pas de surprendre. Elle surprend pourtant moins que l’ajout de plusieurs autres textes, sans qu’on ne comprenne très clairement s’il s’agit de compléments volontaires à l’œuvre d’Edgar Lee Masters, ou bien d’une espèce de récréation, accordée au Général au gré de son temps libre. C’est ainsi que de nouveaux personnages apparaissent : — soit qu’ils soient explicitement cités dans le texte original (et que Masters n’a pas jugés utile de traiter) ; — soit qu’ils apparaissent ex nihilo de l’imagination ou de l’invention du GI.
En tout état de cause, ces pièces forment toutes ensemble un assemblage original et, chose la plus étonnante sans doute, relativement cohérent — le Général ayant pris soin, pour ne citer qu’un exemple très formel, d’avoir annoté en marge de ses textes les renvois internes au texte (citations, évocations de personnages par d’autres personnages). Notre édition calque ces renvois, et précise également, au fil de la progression, les éventuelles manquements ou proliférations causés au texte original par la main vigoureuse du Général Instin. Dans ce cas, ces précisions se trouvent en début de texte, en italique et entre crochets.
Enfin ces textes sont numérotés à partir de 00 (texte liminaire générique La colline), à la différence des versions que l’on trouve ça et là.
Dernière remarque : au lieu du titre habituel d’Anthologie de Spoon River, communément admis, le cahier présente un frontispice collé sur la couverture souple avec ces simples mots : GI / Catalogue de la rivière. / 19..