Un texte de Pistes et sillages, une série de textes poétiques nés de l’écoute des préférés de la discothèque. Base d’improvisation, ou simplement paysage et divagation. Une anthologie.
Sommaire
Dérape
Tout se passait bien jusqu’à ce qu’on soit tous réunis.
C’était chouette, la mer, la baraque, tout ça.
La vacance.
Je prends un mot : pirouette : il décrit cette villa, la vacance, la mer, et tout le cuivre autour.
Merci les gars, merci Robert et merci Jacques Guillaume, merci Robert Henri.
Donc ça discute, ça file, ça chamaille, ça râle, ça coince, ça chuinte, ça dérape, ça file.
Mais moi je ne sais plus si je dors ou pas.
J’aime bien dormir, dormir m’amène loin, loin, ça file, etc.
Et puis bam, hypnotisé.
Mesmérisé.
Alors le jour ?
Je sais pas, grands coups de pied au cul,
ça râle, ça file, ça tricote, ça danse, ça picole, ça file…
ad lib.
Lâche ce rade
Putain, bim, vlan, j’arrive dans ce pays,
faut voir à pas oublier d’où je viens,
alors pour ça j’ai trouvé un truc
je filoche
je dégage, me tire ailleurs
Boum, paf,
je m’écroule dans ce bled,
j’me fiche bien de ces culs-terreux,
mais je débarque
la folle en tête
la folle en tête
(hein Robert Henri ?)
alors ça dégage,
lâche ce rade.
Bal casino
Pas bon, pas parler
sommeil blessé
elle
corde
elle corde voltige
pas de temps à perdre
cycle
fer et vert
pause, affaires.
vous savez : juge et partie.
bref, films de Dietrich
chattes à Cannes
grotesque musique à fric
aah, Robert, Henri, mon chou
liberté s’étaient, le chauffeur s’éteint
l’amour s’éteint, la lumière s’éteint
le fondu enchaîné s’éteint, ce chapeau noir
s’éteint
tout s’éteint toujours,
vibre
Bouge tes fesses
Cette danse ce tracas
ce tric trac ce cadenas
ce revers cet envoi
aah
bouge, bouge tes fesses
mais c’est qui voilà
mais tu veux quoi
annone pas dis rien
bouge, bouge tes fesses
oh la bagnole oh la ville
tais-toi et regarde
laisse faire
dis rien
annone pas
bouge, bouge tes fesses
Alea jacta est
Je me souviens ce clinquant frac
ce chapeau brillant
comme gélatiné
de brillantine
j’arrive, grand prince,
ça joue grave
ça mise
ça gagne ça perd
mais ça joue
bon dieu
tu veux jouer avec moi
la feinte
la flemme
la feinte flemme qui distrait
et déjoue pour rafler
la mise le frac le sac
ma ma ma maman
partenaire, à ton tour
tennis
dés
jeux
tapis
pour voir
rafler la mise
jette les dés
les voir rouler
le bon temps
les voir rouler
le bon temps
les voir rouler
le bon temps
les voir rouler
le bon temps
ad lib.
Douce Loire
Arf les étangs de tempête d’océan
ces gifles de grêle dans la gueule
on s’est envoyé tous les bigorneaux de la côte
Oh merci l’azur, merci les fruits
et l’accent de Provence
je te garde des chiens de
Mais toi, toi, douce Loire
chère honnie de mon enfance
tes doux baisers, ton doux cœur simple
tu remplis mon âme d’un ennui délicieux
Mais toi, toi, douce Loire
chère honnie de mon enfance
tes doux baisers, ton doux cœur simple
tu remplis mon âme d’un ennui délicieux
Mais toi, toi, longue et lente Loire
chère serpent de mansuétude
tu lessives mes épis de maïs
tu remplis mon âme d’un miel délicieux
Déchiré
Laisse le descendre avec toi
plus bas tu seras
plus bas, lui
Et recommence, jusqu’où
jusqu’où ça ira
Entre nous, ça vire
l’ire enivre
et rien dans le public
planches de pins dans le feu
ne résout rien
ne résout rien
laisse-le descendre,
dans les yeux le sang,
mec,
tu vas où comme ça,
tu vas où, avec ton théâtre
des yeux, ton âme
déchirée ton cœur
déchiré ton instrument
déchiré ton âme
putain ton âme
ne recoud rien
ne recoud rien
ne recoud
rien
déchiré
Doux ange noir
Qui n’a pas
punaisé au mur de chaux
brûlée
une photo noire
de noir paysage
caravagé
une lumière dans ce noir
une lumière noire
mon doux ange noir
Qui n’a pas
jeté à sa face
rougie
une pierre noire
de noir mensonge
éhonté
une lumière, cette noire
cette luciole noire
mon doux ange noir
pas une peine non
pas une peine non
pas une peine non
pas une peine non
L’eau de ta fontaine
Ces vacances ne sont pas celles,
désirées : je me mets au vert,
vais au village à pied, et même
en bicyclette
Les gens me regardent
quand j’achète des pommes
je parle pas très bien
leur langue
Et je t’amène des roses
Donne-moi goûter
donne-moi goûter
l’eau de ta fontaine
Mon vélo est déglingué,
je sais pas me battre
mais je pêche et je sifflote à travers la colline
Et on peut baiser toute la nuit
ça oui
donne-moi goûter
donne-moi goûter
l’eau de ta fontaine
(crépuscule, mineur
feu de bois,
je m’écrase devant
tout ce corps
et la charmante
abeille)
Oui j’ai la jactance,
la tchatche facile
mais on peut baiser toute la nuit
ça oui
Donne-moi goûter
donne-moi goûter
l’eau de ta fontaine
Heureux
Contrairement à tout ce qui se dit
à tout ce qu’on croit
et à tout ce qu’on raconte
moi ça va.
Je donne pas cher de ma peau
j’ai pas l’air en grande
forme j’suis bousillé
mais heureux.
Ton amour
me rend heureux.
Ton amour
me suffit.
Tant pis pour les dents
tant pis pour le sang
tant pis pour les gens
moi, ça va.
Poulet cou coupé
Rien à faire pour te retenir
Tout ce temps perdu
Reviens
Va-t’en
Triste flingue
La maison, la villa
la torpeur de l’été d’azur
les mouches et les moustiques
La sueur, une bière
sur le bras
en sueur
Rien ne sort
Je t’entends d’ici
râler
besoin d’un coup dur
envie d’en finir
Ce putain de flingue
Pis t’es coincé
bloqué comme un rat
la sueur, les nerfs, les tiques
La sueur, une autre bière
sur les cuisses
en sueur
Ça chie
Besoin d’un éclat
envie d’en finir
où que tu sois
envie d’en finir
tu vas faire quoi ?
tu vas faire quoi ?
tu vas faire quoi ?
tu vas faire quoi ?
résister ?
résister ?
résister ?
résister ?
résister ?
résister ?
Juste voir Sa gueule
T’as un coup dur,
zou
besoin d’un coup d’éclat
oui
des fois c’est pas que c’est dur
c’est au-delà
y’a plus rien qui vaille
et tu voudrais Lui parler
Le trouver, tu voudrais juste voir Sa gueule
pas possible autrement
tu sais pas faire, y’a pas moyen
mais juste Le trouver,
Le faire chanter
juste voir Sa gueule
Lâche l’affaire
L’été avance mal. Cette femme au bras,
habillée de ta douleur, mais
mec,
comment tu vas faire.
Triste chambre,
te voilà acculé
en triste chambre
gratte un peu
triste chambre
parle vrai
triste chambre
Le monde est plein
de tristes chambres.
Le long du rail
Mais revenons à nos moutons.
On n’est pas là pour rigoler. On a une civilisation à perdurer, bordel.
On a une civilisation à bâtir. Je t’explique : on vient de loin, on revient de loin, mais on s’arrête pas là.
Je m’aide de ce que j’ai, une sainte pute, une tête bien faite, un exutoire à expier, tu veux ?
Veux-tu ? Je sais pas pourquoi je vais, mais je vais.
Je sais pas pourquoi mais
je sais pas pourquoi mais
je sais pas pourquoi mais je sais pas
Jérémiades
Bon, toi, toi, toi
toi, toi, là, toi
et toi, et toi,
là, toi
Suffit !
Arrêtez de chouiner
Finies les jérémiades
Finies les jérémiades
La femme le curé le commerçant
l’ours le loup la chouette
le trou la feuille le ciel
Stop.
Finies, les jérémiades.
Qu’on puisse se promener
tranquilles.
Finalement une lueur
L’été aura donc été une réussite.
Une confiture de foie, de fèces et de larmes.
Merci Jésus, merci Seigneur.
Merci la SNCF, merci les P&T, merci
la Démocratie Chrétienne, le Serpent monétaire
et sans oublier Procter & Gamble.
Mais la chambre,
tapissée d’aigreur
ou tu gigotes nue comme un ver
des larmes dans la main
comme un verre de vin
l’autre posée sur ton corps
éreinté
sans nerf
meurt.
Et la villa, bordée
d’épines comme une couronne délavée
un silence de douve,
des chaises pleines de sangsues
des tables de poisons
des tapis d’aiguilles
ou de rose, c’est pareil
de pampre, c’est pareil
la rosée du pareil au même.
Viens. Debout. Reprends-toi.
Reprends goût, sors au moins sur la terrasse
et entre les tessons,
les molards
remercie le soleil
remercie le soleil
d’avoir baigné, d’avoir noyé
ta nuit.
Âme en sursis
Ah oui, j’ai repris la mer
sans assurance, à peine un mousse
chez les grands bonhommes
aussi saouls que tristes
On va en bouffer de la houle
on va en bouffer de la houle
et l’écueil,
ça va mal finir
Eh oui, j’ai repris la mer
à peine un mousse parmi bonhommes
aussi saouls que tristes
Mais en attendant
ça continue
ça continue
ça continue
putain ça continue !