Les dernières fleurs commencent à sécher. Les antennes s’étiolent. Des gens arrivent, vont et viennent. D’autres disparaissent. Le dehors s’impose. Je sens cette pellicule de sirocco sec peu à peu se déposer sur ma peau, dans mes veines, dans mon cœur. Eté.
Les grandes prairies jaunes, le goudron qui fond, le vent est chaud, la transpiration appelle l’eau, l’eau le silence, le silence pas de cigarette, pas de nourriture. On se détourne des bouches. Eté.
Bascule, au solstice, alors que tout prend conscience de son commencement, tout s’arrête. Bascule, faîte, saison du fil du rasoir. (D’où la Lance, d’où les cheveux). Eté.
Routes encombrées, plages encombrées, eaux troubles. Eté.
Celui qui n’attendait que ça. N’attend plus que cela cesse. Eté.
Eté : saison de l’âge.
Eté : saison sans âge.
La couleuvre de Montpellier (Malpolon monspessulanus) donne naissance à ses petits en été, l’un des rares serpents à faire ainsi. La couleuvre de Montpellier est un serpent africain. Il n’est pas rare de voir les longs mâles (jusqu’à trente fois plus lourds que les femelles) écrasés sur les routes. Les serpents sont nombreux dans le sud, où l’été s’installe durablement. Les serpents, littéralement les Ophidiens, sont des Tétrapodes dont les quatre pattes se sont atrophiées. Nous sommes plus proches des serpents que des crabes. Pour effrayer ses menaçants, la couleuvre se dresse à la manière du cobra, et souffle. Elle est légèrement venimeuse, mais ses crocets étant situés à l’arrière de la mâchoire, elle est peu dangereuse pour l’homme. La couleuvre de Montpellier c’est l’été incarné.
etc.