Alors j’ai échoué. J’ai échoué à voir l’exposition d’Anish Kapoor au Grand Palais (Monumenta), alors qu’on me l’avait fortement recommandée.
Un monstre de sculpture, une enveloppe gonflée emplissant tout le musée, Leviathan. Monstre des âges, monstre d’espace qui mange le spectateur, et repousse les limites, le cadre, la contemplation de l’œuvre.
J’ai échoué, comme échoue également Philippe de Jonckheere, qui nous informe, par le biais du monstre qu’il met fin au monstre internet qu’il a créé, cherchant un « recul », une « respiration », et peut-être aussi, d’ouvrir des yeux neufs, des yeux naïfs, et marcher dans le boyau du monstre sans constamment le couturer d’un fil de texte.
Sans plus doubler tout d’un commentaire.
L’œuvre de Kapoor, dont la mort est programmée également, nous permet peut-être de saisir cela : la vanité, comme dit Jonckheere, et peut-être aussi la fatigue, d’un coup, de lire, de cette production fantasmatique, cet énormité qui devient illisible parce que trop bruyante, trop nombreuse pour un seul homme. Et pourtant dans le multiple, dans le touffus, que surgira la ou les voix, nous le savons, nous la savons.
L’œuvre d’Anish Kapoor est perturbante (même vue de loin, même seulement imaginée) : elle excède tout le contexte et nous démontre, ingénument décidément : qu’on ne peut saisir seul sa complexité, ses enracinements, ses organes traversant, ses javelots de rhizomes…
La vanité du site de Philippe de Jonckheere est de Martin Bruneau.