Je suis tout nouveau, tout neuf.
Me voici entré dans cette pièce toute blanche, une cellule presque, sans bât-flanc, sans meubles, sans aucune gravure aux murs, sans fenêtre peut-être, ou inaccessible, ou trop petite.
J’ai en moi pourtant la vue d’un paysage de mer, désert, ensoleillé, ou ne résonne que le ressac, et l’écume lèche l’estran plus foncé, presque nuageux.
L’unique vie dans cette frange, ce bandeau de sable où passe et se retire le flux de l’eau. C’est une espèce de dialecte qui s’échange entre sable et eux, lingua franca d’effervescence tranquille, qui se moque des alentours.
Ce babil me console et cette vison me suffit.
Me voilà seul, dans cette pièce sans relief, et tout est à faire.
Je vois aussi à travers un autre souvenir ou un autre rêve la lisière d’un sous)-bois. Là encore, il y a une réponse et une question entre l’une et l’autre, la prairie et la forêt et leur entre-deux qui est l’orée, l’ourlet. Le bruissement des feuilles change les ombres et les trouées blanches. Émondage permanent, qui m’invite et la sérénité m’entraîne encore plus au fond de moi-même, plus scindé à cette bordure qu’aucun autre, plus frontalier que la frontière encore.
Me revoilà détendu, dans cette pièce, sans bordure, sas limites, et tout est à faire.
Je vois par une autre lucarne aussi une autre pièce, haute de plafond, large, chaude, richement tapissée et meublée, et trône au beau milieu, entre les tapis qui jonchent les sols précieux marquetés, et les dalles qui semblent séculaires, les armoires et buffets repus de vaisselles et de victuailles. Elle m’est inaccessible.
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