Dans le grand récit du combat du fond contre la forme, l’institution culturelle française souhaite changer les claviers des ordinateurs de ses ouailles. Soi disant qu’ils favorisent les fautes. Que les A et E et les O et E liés sont trop difficiles à faire — et ne parlons pas des C cédille.
Je ne peux qu’approuver, moi qui suis un spécialiste des fautes de frappe, soit que je sois trop pressé ou étourdi, soit que je sois tout simplement médiocre en orthographe. J’approuve d’autant plus que je ne saisis quasiment que de mémoire, vu que je travaille — circonstances de la vie — sur un clavier de type QWERTY. Ainsi je vais chercher le A sur le Q, le Z sur le W, mais aussi le M sur le ç, la virgule sur le M, et le point-virgule sur la virgule.
Mettons donc cela sur le dos de l’exception culturelle ; cela ne priverait pas de se demander d’une part pourquoi sur les claviers des PC l’arobase est quasi inaccessible… ; cela ne priverait pas — non plus — de se demander si une réforme de l’orthographe ne serait pas une bonne chose, parce qu’après tout je ne parviens pas à me décider si de porter toute l’histoire nationale dans une graphie si complexe (et bien souvent absurde) a bien un sens ou non.
Mais surtout peut-on souhaiter à l’institution bon courage pour faire plier les fabricants qui bien souvent ne sont pas spécialement francophones, ni même francophiles, et le plus souvent pas mêmes occidentaux. A moins qu’il ne s’agisse bêtement d’une volonté de favoriser les constructeurs français — on n’ose le croire, ce serait une espèce de délit d’initié, non, dans un monde où règne l’appel d’offre ?
Autant de questions passionnantes qui nous apparaissent sans doute prioritaires, étant donnée l’harmonieuse situation actuelle, tant sur le plan culturel que social et environnemental. C’est à cela qu’on reconnaît que la France est le pays de la littérature — et donc un grand pays.