Ces textes, sons, mots, idées, images, qui, conservés quelques jours en mémoire pour plus tard, quand on prendra le temps de les traduire physiquement. On se réveille en pleine nuit : on vérifie, c’est bon, tout va bien, ils sont encore là. Puis quand finalement on prend le cahier et le stylo, on ouvre tout…
Auteur/autrice : Benoît Vincent
Une fête dans la Drôme
D’abord le site est excellent. Sur un petit poët, une ancienne ferme de pierre, entourée des blés coupés, puis cernée de forêts. La bâtisse, immense, est rénovée avec gout. Plusieurs espaces sont imbriqués, et on découvre, surpris, des terrasses, des alcôves, des patios, des granges ouvertes pour la pierre, des grenier dédiés à la sculpture….
Eté, 6
(Il faudra venir encore jusqu’à ce que soit mis au jour l’essence de l’été.) 1. Il y a aussi que rien ne semble cesser, l’été, il n’y a pas de pause, la permanence des choses empêche de se retrouver. Tous les jours se ressemblent, le soleil et la chaleur font une corde vertébrale, en fil…
Eté, 5
Texte publié, légèrement modifié, dans Po&sie, 158-159, 2009. I. L’été, chaque été, te retrouve plus lucide, l’œil plus aiguisé parce que le nom est propice à et est proche de / la mort. Le soleil mord toute choses qui en retour semblent n’exister que pour traduire et justifier sa puissance. Les cigales frémissent puis…
Pliure
Imaginer ces espaces comme les livres qui comportent une page pliée au façonnage et qui se retrouve à la découpe ainsi. Quand on la déplie, on découvre un polygone complexe, qui excède la page et sur lequel parfois on écrit.
Ecrire
Peu importe ce qui est écrit, l’important c’est d’écrire. Ecrire est important pour ne pas perdre le mot ou la nuit, le filon, la veine. Ecrire comme d’autres passent leur temps à posséder, diriger, manger, séduire, parler, baiser, travailler, marcher ou vivre. Ecrire pour dire qu’on est vivant – encore un peu. Ecrire pour dire…
Eté, 4
Tous les regrets, et toutes les joies, celés, enfouis, engoncés depuis le midi brillant et les travaux fastidieux de l’enfance. En allant dans les jours qui déclinent. Aussi sûrement, se révèlent. Eclatent. Eclosent. Eclaboussent. La tâche silencieuse alors commence, comme s’estompe le brouhaha laborieux. Je suis une fleur qui se fane. Ou ces grandes fleurs…
Ecrire 17
Peu importe ce qui est écrit, l’important est d’écrire. Ecrire pour ne pas perdre le mot, la veine, le filon. Ecrire comme d’autres labourent, possèdent, mangent, parlent, boivent, marchent ou vivent. Ecrire pour dire qu’on n’est pas mort — pas encore. Ecrire pour dire qu’on se tient, qu’on fait un, qu’on y croit. Ecrire pour aller…
Eté, 3
Ce n’est pas que nous manquons d’obscurité ou de silence. Ce qui nous fait défaut ici, c’est une retenue, une réserve. Une bougie flottant dans la nuit. De l’ail gratté sur du pain presque trop sec. Une plainte écaillant le silence. Des apparitions fragiles et fugaces. Or tenaces ……….et féroces La proximité des disparus. La…
Eté, 2
La chaleur s’est abattue comme de grandes murailles sur le pays, et tous les gestes se sont défaits puis deviennent laborieux. Chaque soir de gros cumulus amenaient leur promesse d’apaisement, on aurait dit des grands cotons sur les montagnes au fond. Mais il semblait qu’ils ne pouvaient jamais venir jusqu’à nous. Il enflaient comme de…