Imaginer ces espaces comme les livres qui comportent une page pliée au façonnage et qui se retrouve à la découpe ainsi. Quand on la déplie, on découvre un polygone complexe, qui excède la page et sur lequel parfois on écrit.
Auteur/autrice : Benoît Vincent
Ecrire
Peu importe ce qui est écrit, l’important c’est d’écrire. Ecrire est important pour ne pas perdre le mot ou la nuit, le filon, la veine. Ecrire comme d’autres passent leur temps à posséder, diriger, manger, séduire, parler, baiser, travailler, marcher ou vivre. Ecrire pour dire qu’on est vivant – encore un peu. Ecrire pour dire…
Eté, 4
Tous les regrets, et toutes les joies, celés, enfouis, engoncés depuis le midi brillant et les travaux fastidieux de l’enfance. En allant dans les jours qui déclinent. Aussi sûrement, se révèlent. Eclatent. Eclosent. Eclaboussent. La tâche silencieuse alors commence, comme s’estompe le brouhaha laborieux. Je suis une fleur qui se fane. Ou ces grandes fleurs…
Ecrire 17
Peu importe ce qui est écrit, l’important est d’écrire. Ecrire pour ne pas perdre le mot, la veine, le filon. Ecrire comme d’autres labourent, possèdent, mangent, parlent, boivent, marchent ou vivent. Ecrire pour dire qu’on n’est pas mort — pas encore. Ecrire pour dire qu’on se tient, qu’on fait un, qu’on y croit. Ecrire pour aller…
Eté, 3
Ce n’est pas que nous manquons d’obscurité ou de silence. Ce qui nous fait défaut ici, c’est une retenue, une réserve. Une bougie flottant dans la nuit. De l’ail gratté sur du pain presque trop sec. Une plainte écaillant le silence. Des apparitions fragiles et fugaces. Or tenaces ……….et féroces La proximité des disparus. La…
Eté, 2
La chaleur s’est abattue comme de grandes murailles sur le pays, et tous les gestes se sont défaits puis deviennent laborieux. Chaque soir de gros cumulus amenaient leur promesse d’apaisement, on aurait dit des grands cotons sur les montagnes au fond. Mais il semblait qu’ils ne pouvaient jamais venir jusqu’à nous. Il enflaient comme de…
Trois mains
1. Levé tôt, avant l’aube, épuisé le sommeil, un peu de vin séché collé aux rêves et aux yeux que toujours les rêves prennent en défaut. Malgré le café, balader ce grands corps rendu plus long par la nuit, et la dérive des lumières, ce grand corps nu, dans l’espace absurde d’avant l’aube. L’aube monte…
Echos : « I’m moving from you »
Echo, voix scintillante, mais fissurée, changeante et désormais par retour transformée. Echo, de ce qui est devenu moins qu’un nom, moins q’un logotype ou une marque déposée, justement parfois les noms (prénom + nom) accolés et en minuscules, à la manière des adresses électroniques, pour réduire encore de l’individu la part. Car l’individu à sa…
Lettre au comité de rédaction du site Espace Maurice Blanchot dont je suis membre
Nous ne sommes pas « démunis », à travers le site Espace Maurice Blanchot, pour ne répondre qu’à l’exigence de l’écriture. Il me semble que nous comptons en nos rangs des noms importants, des noms qui, comme on le dit vulgairement, pèsent. Tout projet associatif bute sur la nécessité d’une parole commune, d’une entente commune. Montrons que…
Eté, 1
Les dernières fleurs commencent à sécher. Les antennes s’étiolent. Des gens arrivent, vont et viennent. D’autres disparaissent. Le dehors s’impose. Je sens cette pellicule de sirocco sec peu à peu se déposer sur ma peau, dans mes veines, dans mon cœur. Eté. Les grandes prairies jaunes, le goudron qui fond, le vent est chaud, la…