La littérature, dans les salons, peut germer, mais jamais ne se fortifie. La littérature croît sur des sols maussades. Il y faut des friches, des chantiers, des mauvais sols tantôt pollués, tantôt dévastés. Cela amène quelques germes de mots, de phrase, parfois la poésie. Puis cela s’entretient. Cela provoque, cela permet, cela procure. D’autres textes…
Auteur/autrice : Benoît Vincent
Vagabonder
Je marche sans discontinuer, j’en ai pris l’habitude, dans les rues de toutes villes, sans aucun but, sans aucun itinéraire ; je vois une rue, je tourne ; je vois un magasin peut-être (mais je n’entre jamais nulle part dans les magasins), je vois une femme peut-être (mais je n’aborde pas les femmes alors), je…
Internet ombilical
Tout un morceau d’internet ne sert pas à la création. Comme il y a un morceau qui n’est là que pour faire joli, et un autre qui ne sert qu’à vendre, un autre de ces morceaux flatteurs sert à assouvir nos besoins infantiles de ne pas perdre trace, de ne pas perdre pied, et d’archiver….
La chambre
La cloison respire les rayons de tes sommeils Les copeaux de tes rêves Il n’y a pas de bruit, rien ne se distingue Rien ne fait épreuve dans la chambre, plus sombre que la nuit L’étendue de tes draps étouffe les cris de la rue Quel frisson les anime ? Il n’y a plus de…
Elise
Elise, Elise Aucun rosier ne peut te contenir Toi dont le nom est une épine Tandis que toi – je me souviens de vous Elise, Elise Tes fruits sont mûrs Elise Oui les grands pas arrivent Sur la table je toque comme le mistral
Pascal Quignard
On voit Pascal Quignard. C’est la voix qui tremble. Une voix qui semble s’essouffler, et dire, dans un dernier souffle. Une voix belle et grave, qui pose des bornes, simples et inédites, cailloux semés sur le chemin de la littérature. On n’ose pas lui parler, mais qu’aurait-on à lui dire. Et que faire dédicacer ?…
Placard vide
Ces textes, sons, mots, idées, images, qui, conservés quelques jours en mémoire pour plus tard, quand on prendra le temps de les traduire physiquement. On se réveille en pleine nuit : on vérifie, c’est bon, tout va bien, ils sont encore là. Puis quand finalement on prend le cahier et le stylo, on ouvre tout…
Une fête dans la Drôme
D’abord le site est excellent. Sur un petit poët, une ancienne ferme de pierre, entourée des blés coupés, puis cernée de forêts. La bâtisse, immense, est rénovée avec gout. Plusieurs espaces sont imbriqués, et on découvre, surpris, des terrasses, des alcôves, des patios, des granges ouvertes pour la pierre, des grenier dédiés à la sculpture….
Eté, 6
(Il faudra venir encore jusqu’à ce que soit mis au jour l’essence de l’été.) 1. Il y a aussi que rien ne semble cesser, l’été, il n’y a pas de pause, la permanence des choses empêche de se retrouver. Tous les jours se ressemblent, le soleil et la chaleur font une corde vertébrale, en fil…
Eté, 5
Texte publié, légèrement modifié, dans Po&sie, 158-159, 2009. I. L’été, chaque été, te retrouve plus lucide, l’œil plus aiguisé parce que le nom est propice à et est proche de / la mort. Le soleil mord toute choses qui en retour semblent n’exister que pour traduire et justifier sa puissance. Les cigales frémissent puis…