Qui dira comment le mont bleu fait office de moyeu ? Gravir la Lance est une tâche nécessaire. Pour traverser la chênaie, la hêtraie, puis surprendre buis, aubépines et plusieurs herbes minuscules (serpolet, cette crucifère inconnue, haute de millimètres). Jusqu’à la mémoire : lichen. Puis la poudre noire qui semble un corps défait, décomposé, des…
Auteur/autrice : Benoît Vincent
Veille poétique
Mettre en œuvre une veille poétique, à la manière des techniques du réseau, où chaque nouvelle éclaboussure, chaque déchirure, chaque plénitude embranle l’écriture. Réagir, même bien après, aux événements, de sorte que l’écriture témoigne, sans devoir expliquer rien, sans démontrer ni illustrer ni montrer quoi que ce soit. Prendre la relève, étayer les choses, puis…
Mes nuits 2
Depuis quinze jour que le croup me tient, cette nuit a été l’acmé, l’une des plus nocives ; je ne tiens relation que du remarquable. Cette nuit, réveillé par l’insidieuse, qui se flatte et se fait passer pour libératrice, je me réveille par étouffement, toujours ces tiges d’acier dans le larynx, et ce craquètement, cet…
Tarauder
Est-ce que cela tient au faire ? Je veux dire : ce que nous faisons. Est-ce que cela peut être pointé comme un métier, avec sa formation, son diplôme, puis ses horaires, ses charges salariales et patronales, sa convention collective ? Je n’ai jamais envisagé faire de cela un métier ; plutôt une occupation, mais…
Impressions de neuf
Impression de neuf, d’éclats lavés des herbes, des arbres ; impression conférée par le jour, toujours plus présent, dans le monde, qui inquiète le monde, venant toujours plus tôt, s’attardant toujours plus. Impression de cincle, qui abaisse les contrastes, qui atténue les éléments, voltigeant hors de l’eau, ou pesant sur le fond caillouteux. Cincle cinglant…
Réserve d’énergie
Dix minutes à peine pour insérer ce texte, comme une incise, chaque texte une bulle, une promenade ou une sieste. Se mettre au sol, sentir la terre le nez sur la terre même, les herbes sur le visage qui impriment leur trace, les odeurs, et les fourmis qui parcourent le visage, les mains, les chevilles,…
Novembre
J’inverse les saisons. A mars, giboulées, je pense à la calme blanche de novembre. Je songe à ces jours de Toussaints, où tout se fait bas, et un cimetière, un enterrement ; des vieilles personnes vêtues de lourds manteaux de noir, des rides, l’ennui propre aux familles ; les journées dans les campagnes, les villages…
Espace-temps
Toute l’attente devient attention. Je traverse les saisons. Je passe dans les nuits comme s’il était agi de pièces en enfilade. J’ai fait de tout moment une émonde spatiale ; des copeaux de temps que nous ramassons sans compter.
Lettre à B.
Je me demande si, au fond, tu aimes la littérature. Elle t’attire certes, mais dans le même temps tu lui résistes. La manière dont tu résistes au récit, à la nuit des livres, à la déportation, mais la manière dont tu t’adonnes au langage, dont tu lui cèdes, dont tu t’abandonnes et te soumets à…
Trois poèmes composés dans la voiture, à voix haute, en conduisant, grâce à Alain Veinstein, puis transcris alors que, la voiture étant tombée en panne, j’attendais la dépanneuse, non loin de Chatte en Isère, à 2h30 du matin un dimanche (mon téléphone ayant fait faux-bond, par ailleurs)
1. Que tu traverses ! Je marche dans les villes comme en ton corps La superbe, la sereine, la bordélique Ce que je traverse en la ville comme en toi Est ce qui me traverse Toi, la ville, et moi qui (vous) traverse Ce que je te cherche est ce que tu me trouves Les…