Espèce d’espace agencé de cellules L’effroi et Kafka marche Et les traces de Kafka s’effacent Traces de Kafka Kafkafard intenté en cellule Froid de Kafka trace Et chasse le fard de Kafka Chasse au Kafka Kafkaland arpentées les cellules L’effort sous chaque pas de K. Dans l’espace sans phare de Kafka Sans phare de Kafka…
Auteur/autrice : Benoît Vincent
Fait divers
Une rue qui est vide. Là-dessus, un banc, qui est vide aussi. A côté du banc, une porte fenêtre, ancienne, bois décati, verre poli ondulant la lumière ; guise de napperon à la fenêtre, mauvaise broderie. Noire, cause mouches. Dedans : une radio, ténue, fil grésillant, égrène des résultats de courses, lévriers, cheval, coureur cycliste,…
Une époque de fous
Nous avons quitté, il y a fort longtemps, une époque de fous. En effet, si l’on essaye de se replacer dans le contexte de l’époque (gaullisme triomphant, communisme partout, église puissante, etc.), la présence ou l’existence des œuvres de Maurice Blanchot, de René Char et ses alliés substantiels, d’Henri Michaux, de Samuel Beckett, fin des…
Vaucluses
Arraché à la terre et surgi des eaux que rien n’arrête, il est un pays qui s’étale, dont on peine à saisir le grain si on ne l’aborde que de face. Non, il faut tailler de biais, taillader en travers, départir ces montagnes, venues du Ventoux et qui se commémorent jusqu’aux Alpilles bienfaisantes. Passer là…
Un œil
A quoi sert un œil sans lumière ?
Ouvèze
Château abandonné aux visages Vallées oubliées des époques Humbles lavandes étalées au soleil – sur couverture grossière Masques lavés, mains tendues, lavoirs Et grandes fleurs poussives vers leur dernier effort
Pays de Char
Le géant impose et entre ses mains croit un pays nouveau Pays de juste mesure, quoiqu’inadapté à la main de l’humain Pays froid et coupant comme une faucille Réseau aveugle des collines d’argent Station de bardane Appétit des rivières, et des pierres le rosier Soif étanché d’ouvrages révélés, signé du coin de l’homme soûl Poinçon…
Entre 2
Tout recommence, recommence par d’abord du vide qu’on emplit. On se déverse dans du rien. On en fait notre pitance, et on le creuse. Ceci pour faire site, fondation. Il y a des héros qui tracent du pied une ligne et ils disent « Ville », comme ville se fait et comme un petit patron veulent « Gens »…
Pétanque
Dans le parc municipal, à l’heure terrible ou plus rien ne bouge, que des éclats de télévision entachant la lumière d’hirondelle. Des arbres centenaires, de grands chefs d’ombre, et dessous comme une piste qui ne mène à rien. Un genre de terre battue dénuée de vie ou de secrets. Il y a des akènes, dans…
Réminiscences
On prend un livre, c’est l’été. C’est en été que les livres (se) prennent. On a l’espace étendu devant. Le temps compte peu. Et tout dehors nous aspire. On marche sur des cailloux, même pieds nus, on croise les fleurs immenses de l’été : mélilots, cardères, vergerettes, fenouils. Ce sont les derniers soubresauts, mais brillants,…