Archivive – quoi qu’il arrive, elle rôde

Personne ne le croit, mais je peux témoigner, je l’ai vue.

Elle est ici, dans les lieux, dans l’enceinte, dans la dition. Oui, il m’arrive de ne pas être là où on m’attend. Il m’arrive de franchir les barrières, de passer des portes fermées, de crever les parois. Je ne devrais pas être là maintenant. Vraiment pas à ma place. C’est comme ça que je l’ai vue.

L’autre fois, en discutant avec vous, m’est venue cette image qui, bien que facilement explicable et compréhensible, s’est mise à projeter dans la sphère intérieure de mon esprit un considérable volume de mécanismes et d’appareils à en prendre le vertigo.

J’ai réalisé, en le disant, la coïncidence entre le monde et sa représentation, cette épousaille. Là où cette coïncidence faisait défaut, ou si elle était rompue, ou si elle souffrait un accroc, alors c’était la naissance du style, et donc du récit.

Très vite, s’est brouillée en moi la vision, en se mêlant de fantômes ou de désherbage. Et aussi très fort, comme un poids de fonte reçu entre les mains, le mot moche de taxon, ce harnais pour pmr. Alors on me demande, mais quel est le nom juste ?

J’osai : le nom, même le nom propre, n’est pas universel. Je quignardise, en somme. Ça ne mène jamais bien loin : au sillon.

Mais je conçois que, très vite, je vais buter sur la forme.

C’est une forme discrète, à peine une ombre, ou bien est-ce le jeu des silences ?

Je sais qu’elle réside, elle aussi, en cette ceinte.

Je la vois silhouette, je la vois ombre, oui, c’est bien cela : surface. C’est la surface, la carte, le papier, qui convient pour l’aborder ! C’est un monde bidimensionnel, comment n’y ai-je pas pensé plus tôt ?