Mise à jour du 31 octobre. Reconnue 195e membre de l’UNESCO, le Palestine devient presque un état, presque une terre, presque quelque chose. Devant la décision des Etats-Unis d’Amérique de geler leurs financements envers l’institution onusienne, celle de l’Etat d’Israël de geler ceux à destination de l’Autorité palestinienne, devant l’attitude du Canada, de la France si elle s’abstient lors du vote au Conseil de Sécurité, et des autres membres européens actuels qui pourraient s’abstenir, nous restons stupéfaits, abasourdis, ahuris. Ce second jour marque toutefois un nouveau pas vers la paix et l’honneur du peuple palestinien.
Ce jour peut-être demeurera dans l’histoire.
L’étonnante initiative de Mahmoud Abbas de présenter la candidature d’une Etat qui s’appellerait Palestine auprès de l’ONU.
Malgré tout l’amour que je puis porter à nombre d’éléments, de personnes, d’œuvres, de traits (tous ces termes sont mal choisis) de la culture juive/hébraïque/israélienne, je me sens obligé, en ce jour d’histoire, depuis les territoires (peu sérieux, peu adultes) de l’art et plus spécialement de la littérature.
Nous adorons Emmanuel Levinas et Edmond Jabès ; et tant d’autres. C’est l’évidence.
Israël, comme Etat, comme appareil désincarné, va trop loin. Que depuis de nombreuses années, l’occupation des territoires palestiniens n’est plus possible.
Je songe à Abdelfattah Abusrour, écrivain palestinien, né dans un camp de réfugié ; il arrive en France en 1985 avec un document israélien où est inscrit : « nationalité jordanienne » ; à Paris il reçoit une carte de séjour où est écrit « réfugié jordanien sous mandat israélien ». « Je ne suis pas un réfugié qui s’est enfui de la dictature jordanienne pour être dans la belle démocratie israélienne ; je suis un réfugié palestinien sous occupation israélienne ». Le lendemain il reçoit une carte de séjour où est inscrit : « nationalité indéterminée ». « Qui je suis ? » C’est la question : qu’en est-il de la nationalité ? Qu’en est-il de l’identité ? « Je suis prisonnier de mon identité ». Ce n’est pas possible, plus possible.
Il y a de fortes chances que je sois traité (y compris de la part de mes collègues) d’antisémite disant cela. Pas possible, plus possible.
La position de M. Barack Obama est veule ; celle de M. Nicolas Sarkozy est hypocrite ; celle du gouvernement israélien, qui rejette et l’une et l’autre est injurieuse.
Je dis ceci en mon nom propre, au nom du site Amboilati.org, mais aussi au nom de la revue Hors-Sol, au nom de l’Association des Amis de Maurice Blanchot, au nom de l’expression libre et au nom de l’urgence du cri que nous intime l’art.
Pour accompagner ce jour, les frères Joubran, qui étaient également invités sur France Culture, pour ses émissions spéciales — et bienvenues.