Où l’on apprend que…
§ Le type m’a ouvert, il avait l’air en colère, ou que je le dérangeais. Mais il a ouvert. Drôle de type, drôle de baraque. J’ai demandé s’il voulait bien répondre à quelques questions. J’ai bien précisé que je n’avais rien à vendre. Il m’a souri après un long temps, puis il m’a laissé entrer. J’ai demandé à brancher l’ordinateur. J’ai installé mon petit matériel, et j’ai allumé la machine. Il s’est assis à côté de moi.
§ J’ai posé mes questions. Il a répondu. Point.
§ Il m’a demandé si je voulais boire un café. J’ai dit Oui et demandé Je peux fumer. Oui. J’ai fumé. J’ai fumé sans rien dire, en regardant droit devant moi, j’avais rien à lui dire. Un drogué de toute façon. Un jeune quoi. Le reste ? Vous le lisez dans les faits-divers. Faut pas m’emmerder moi. Et à sa manière de me regarder, ce punk, je voyais bien qu’il se moquait de moi. Il me provoquait. Connard. J’ai écrasé la cigarette sur la table, ça lui a pas plu. Alors j’ai frappé. Frappé, frappé, frappé, frappé. J’étais plus là, c’était plus moi, c’était mon poing, j’étais mon poing. Vous savez pas ce que c’est, sondeur. Vous savez ce que c’est d’aller chez les gens, tous ces gens pauvres, mal rasés, qui puent un peu, dont les intérieurs sont moches, sales ou mal rangés, vous ne vous rendez pas compte de comment la pauvreté a tapissé le dedans des villes, ses viscères. Mais • la France est bouffée par son intérieur • comme le salpêtre grignote le mur de leurs maisons •