Où l’on apprend que…
§ Que votre position vous autorise à susciter et instiller de la pulsion de désir chez celles et ceux que vous appelez vos patients est une chose. Cette autorité, qui n’est pas unanimement reconnue, est un postulat de départ dont je serai bien incapable de démonter les tenants et les aboutissants. Gardons-la dans un souci heuristique, et comme monde de référence commun. Vous avez la faculté d’enjoindre, d’orienter, d’exciter ces personnes et, me semble-t-il, il est convenu que jamais ô grand jamais vous ne vous permettez toutefois de juger, en bien ou mal, les avancées, les positions ou les mascarades de chacun.
§ S’il est un endroit où je pense, nous nous retrouvons, vous et moi, mais aussi l’ensemble de nos pairs, y compris les plus pauvres, les plus jeunes, les plus heureux, les plus ambitieux, les mieux arrivés, les plus étranges et les plus étrangers, les plus féminines, les plus sales et les plus beaux, c’est lorsque, nus, nous nous retrouvons devant notre misère singulière, celle de ce destin non choisi, de ces espoirs avortés, de ces risques jamais pris, et de ces petites bassesses personnelles qu’on ne s’accorde que trop volontiers.
§ Mais si vous pensez que cette même autorité (autorité dont on se demande encore bien ce qu’elle produit, et de cet auteur dont on constate toujours plus vieillissant qu’il est au moins aussi imprévisible et lunatique que mal conseillé et inconséquent), si vous pensez que cette autorité puisse, du haut de ses généreuses fonctions, et forte de son éclairement quasi divin, me qualifier par message interposé comme vous le faites, en sachant pertinemment que celui-ci serait transmis, de trou-du-cul, sans incident colatéraux sur l’équilibre de nos chères petites personnes, eh bien laissez-moi vous dire que vous avez touché juste. Ce signe de votre infaillible lucidité de thérapeute me conduit simplement à vous répondre que le trou-du-cul, dont c’est la fonction, vous emmerde.
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