Où l’on apprend que
§ Le maire m’a humilié devant tout le conseil. C’était la fois de trop.
§ Pour qui se prennent-ils, s’ils pensent que je ne peux pas, moi aussi, monter de toutes pièces une liste démagogique et envahir les entresols des H.L.M. exténuées. Je peux serrer des mains. Je peux boire des pots, faire des inaugurations, couper des rubans, accueillir le préfet. Même si je sais bien qu’il n’est pas mon loyal partenaire. Je peux débouler dans les commissions permanentes et casser telle association, décider tel projet, souhaiter tel évènementiel, et répudier un budget, voter non, voter nul.
§ Moi aussi je peux avilir les attachés territoriaux, et déposer une cocarde sur le revers de mon pare-brise. Je peux casser des vies en deux. Je peux décider si tel RMIste percevra sa pension | ou. Pas. Je peux coucher avec la députée-maire du chef-lieu de canton et lui promettre nuits d’amours et voyages exotiques, pour qui me prend-on ? Une famille respectable, solidement enracinée depuis au moins deux siècles sur le pays, dont un ou deux obscurs aïeux ont enrichi les fermes grasses ou les entreprises locales. Moi aussi je peux festoyer à la confrérie de l’ail ou de l’olive, accoutré de toges débiles et prêtant serment devant l’inepte. Je peux me payer une Audi A6, et rouler comme un con sur nos routes en falaises et épingles sournoises, pour sauter de rendez-vous en rendez-vous. Commission agricole, contrat de rivière, schéma de cohérence territoriale, moi aussi je peux baver le bureau d’étude, je peux éructer le technicien de collectivité. Je ne suis pas plus con qu’un autre. Et on a beau, toi et moi, être de même sang, ma belle, tu ne l’emporteras pas au paradis. Tu la veux ta liste dissidente ? Tu la veux ta sécession ? Tu la veux ta fronde ? Tu la veux ta cinquième colonne ? Soit tu me le donnes, ce permis de démolir, soit je me le permets • sur ta gueule poisseuse d’émaciée participative.