J’apprends trop tard le décès de Salah Stétié. Extrait de L’eau froide gardée
Je salue la jeunesse de la lumière
Sur ce pays de grande chasteté
Parce que ses femmes sont fermées
Elles ont des ailes croisées sur la poitrine
Pour protéger le cœur ardent des hommes
L’amour aux cils baissés l’a circoncis
—
Qui sauvera ce pays du martèlement
Des soldats qui s’avancent sous un triomphe
Pour arracher l’eau froide gardée — et la prendre ?
Rivière ma lumière
Douce déshabillée
Sur toi il y a le ciel qui est fort
C’est l’autre ciel : non pas le ciel d’épongé bleue
—
Le ciel d’épongé bleue a des bustes qui fondent
C’est l’autre ciel fermé comme une lampe
Inaltérable avec dans sa verrerie
La droite immobilité d’une flamme
Close avec soi comme l’idée de
Dieu
Mais toi va ton chemin douceur sous le ciel fort
Epuise nos secrets bleu vide et puis
Unis, amour, l’image avec le corps
Donne une fête à toute feuille ici qui tremble
—
Avant l’arrivée des fillettes, et leur blessure
Soleil si tu es fou beau soleil
Blessé par une tête et ses venins
Dans l’herbe entrelacés comme désirs
Ou scorpion brillant tombé des dieux
Ne déshabille une bête voilée
Ni la rivière au cou d’une colline
Par action du fer ô guerroyant
Traînant le soir impur et ses insectes
Si l’air s’aggrave à se creuser d’un nid
Où vient gémir ton insomnie diurne
Plutôt te renverser dans les campagnes
Où s’ouvrent dans les plis du vent les fourmilières
Celle qui de nul corps —
Ses fortes mains tendues de doigts déserts
Ses grands genoux s’ouvrant
La statue de sa peau ombre une roue de pierre
Puis je l’ai vue renaître
Dans le pouvoir des pommes sur le ciel véridique
Sa tête décasquée
Exposant au soleil des objets vipérins
Je l’ai vue se défaire
Que de milliers de fois renouée dans ses foudres
Le visage éclaté
Sur nous agenouillés dans les bœufs et les sangs
Fillette, sa coiffure est liseron
Sa robe est retenue par les forêts
L’observe un lion de griffes
Aujourd’hui les prairies l’applaudissent
Demain les doigts du feu la feront vive
Puis elle reviendra plus noire et grande
Aujourd’hui ses pieds d’or dans les abois
Elle court ! bousculée par l’œuf de brise
Puis le soir dans la rue de personne
Elle poussera un cercle — et un cri