Sommaire
Sur la forme
0.0 Je cherche une forme1. Tous ces mots ne sont peut-être que la recherche de cette forme ; peut-être ces mots, dans leur recherche, dans leur accumulation, produisent cette forme. C’est tout le mal que je leur souhaite.
0.1 Pour ma part, la forme que je recherche, j’ose le dire d’emblée, partage nombre de ses traits avec des formes proches : je pense à l’entièreté d’un cours d’eau, depuis la source jusqu’à l’embouchure ou la confluence ; je pense à l’arbre des racines au houppier ; je pense au système veineux ; je pense à la main ; je pense au tissu, etc.
Toutes ces formes devraient porter un nom commun, et ce nom pour l’instant est réseau. Mais toutes ces formes auxquelles j’ai pensées présentent un inconvénient d’ordre poétique ou symbolique. L’arbre, le plus générique des réseaux peut-être, rappelle trop l’arbre de la connaissance — cela étant dû à la perpétuation de la symbolique de l’arbre en dépit de sa description fine et précise par la botanique [HALLÉ], nettement plus complexe et moins anthropocentrée. Le cours d’eau, comme le tissu, nous cantonnent (peut-être abusivement) le premier dans le domaine de l’écologie, le second dans celui de l’anthropologie ; ce n’est pas grave en soi, mais cela pèse sur la suite ; je cherche un terme neutre. Réseau, de même, est un mot trop bien trop à la mode ; de plus ses dérivés sont incompréhensibles (rétistique, dyktiologie), ou cuistres (réticulaire).
Graphe est, techniquement, c’est-à-dire au sens mathématique, le mot qui nomme cette forme multiple ; s’il évoque beaucoup l’écriture, il ne l’évoque pas au point de peser sur le propos et de le cantonner aux productions humaines (enfin il me semble). C’est donc, faute de mieux, et pour l’instant, le titre que je vais réserver pour cet ensemble.
0.2 En tant que graphe [>0.2.1], le propos est constitué des éléments composites des graphes : les arrêtes ou arcs, les sommets ou nœuds. Ce graphe aura la forme décrite supra de l’arbre ou de chevelu de la rivière, et à chaque nouvelle idée, née de la précédente, il y aura un nouveau nœud, représenté par l’ajout d’un numéro à la série, ou bien l’avancée dans cette série.
0.2.1 forcément orienté, on ne peut se passer d’orient, ni d’occident (par conséquent), de nord ni de sud, et on ne connaît pas de graphe sans gravité, il n’y a pas de grave graphe. Retour à 1
0.3 Certains mots sont suivis d’un appel de note en rouge. En survolant cet appel, une fenêtre apparaît2, avec un certain nombre d’outils noétiques ou théoriques nécessairement convoqués, mais pas toujours facilement convocables, exposés ici simplement pour le confort du lecteur, mais qui pourront être repris de manière disons “autonome” dans la fil du discours.
0.3.1 On prévoit à terme l’établissement de mots-clefs qui permettent de sauter à la manière d’une puce de concept en concept.
Vie des graphes
1.0 La fréquentation des cours d’eau, comme celle des forêts, nourrit peut-être avantageusement les esprits rêveurs. La majesté de ces êtres complexes, les sons et les lumières qu’ils parviennent à produire ou capter, leur bienveillant dédain à notre égard nourrissent en tout cas notre curiosité et attisent, si je puis dire, notre quiétude. Leur symbolique est puissante, bien agrippée en nous, et il n’est pas facile de s’en défaire — si on le souhaitait.
Le noyau de ce livre (voyez comme on se déprend avec difficulté de la métaphore) provient de telle fréquentation : l’ensemble rivière/arbre était pour moi, enfant, adolescent, étudiant, aux temps de la découverte de la philosophie, en classe de Terminale, un refuge nécessaire.
J’avais été impressionné par Spinoza. Plus tard ce serait Derrida. J’ai très souvent souhaité développer ces idées : j’ai élaboré des plans, pris des notes, fait des fiches de lecture. Tout ceci aujourd’hui a décanté. Aujourd’hui la rivière coule toujours au même endroit, et l’arbre sans doute y croît encore ; mes idées se sont aiguisées, mais elles ne sont plus aussi strictement référencées. Ce n’est pas dire que j’ai acquis une maîtrise parfaite des auteurs, c’est même plutôt le contraire : je n’ai gardé d’eux que ce qui me servait, et me permets d’évacuer l’appareil scolastique. Lorsque nous avançons dans la vie, nous prenons des habitudes, et nous cédons à des facilités (la marque de l’écrivain, c’est la liberté qu’il se permet de prendre avec la bibliographie). Je sais en revanche de qui je suis redevable. Ils se liront en moi.
1.1 Mais à l’arbre et à la rivière, en tant que forme, on pourrait aussi bien substituer d’autres formes semblables : par exemple le plan du métro de la capitale ; le système veineux de mon corps ; un circuit intégré ; une carte géographique ; un tissu de soie… Si elle est moins romantique, l’image n’en est pas moins suggestive : il ne faut pas se laisser trop séduire par les belles images (même s’il faut garder en tête qu’elles existent et nous sont familières). Voici la forme, le graphe, que nous cherchons et désignons ici.
1.2 Un ensemble, un tout. Le cours d’eau débute à la source et se termine à la confluence ou à l’embouchure ; l’arbre naît de racine et rejoint le houppier ; le système veineux tient dans le corps et le réseau électrique connaît les frontières. Le graphe comme toute chose connaît un début et une fin. Il n’est pas une ramification perpétuelle, toujours plus fine, même s’il peut en présenter tous les aspects. C’est le premier point essentiel : le graphe est limité, borné et ces bornes sont au nombre de deux, et elles sont les même bornes pour toutes les choses.
Bornes, influences et répétition
2.0 Tout se passe comme entre les murs.. Tout se déroule entre deux pôles, et nous ne sommes jamais, qu’on soit considéré comme objet du monde, complexe d’éléments chimiques, être vivant, animal, homme ou femme, parent, ouvrier (au sens large), citoyen ou autre, comme coincés, avec tout notre bagage (corps, pensée, connaissance, langage, héritage, entourage, imaginaire, etc.) entre le moment de notre naissance et le moment de notre mort. Les premières sont des contraintes de base et les dernières sont nos limites ultimes. Notre vie apparaît comme l’interface au monde située entre ces deux pôles. Il n’y a aucune autre réalité que celle avec laquelle nous interférons, comme des phares qui passent dans la forêt et laissent voir ce paysage dans la nuit noire.
De la même manière, tout ce que nous faisons, produisons ou fabriquons, tous les artefacts humains sont ainsi bornés : il en va de même avec les théories et donc les modèles épistémiques. L’un de mes chevets les plus sûrs est, à mon avis, moins un philosophe qu’un sage2, a proposer cette assertion, reprise de Cicéron : Que philosopher c’est apprendre à mourir.
2.1 Nous sommes l’aboutissement de trois sources, le fil composé de trois brins : notre histoire personnelle (notre vitalité psychique, nos souvenirs, notre expérience de l’apprentissage, nos peurs, nos fantasmes, nos désirs, nos traumas, etc.) ; notre histoire familiale (les récits et fictions portés par elle) et notre histoire culturelle (les récits et fictions portés par le monde où nous sommes nés : occident libéral, phallocentré, blanc, etc., pour ce qui me concerne) ; tous les efforts d’acculturation ou de déculturations, tous les efforts de décolonisation, pour louables qu’ils sont, n’en sont pas moins rendus extrêmement fragiles ou difficiles. Ainsi tout le discours (comme ce qui suit) proviendra de ce terreau-là (égo-socio-culturel) et, si nous cherchons à nous en déprendre ou à le critiquer, notre critique sera tout de même forgée dans cette histoire.
Il en va de même de nos idées, elles ne sont pas apparues « comme des fleurs » par la grâce de l’inspiration ou du génie de l’auteur, mais elles sont toujours le fruit d’une longue érosion/sédimentation, des processus géologiques oui, comme les cailloux roulés par les rivières, par agglutination ou phagocytage, par annexion ou division, méiose mitose des idées, la métaphore géologique et biologique est commode : le second filtre de nos belles idées est celui-là, un filtre égo-socio-culturel.
2.2 Depuis le premier jour et dès le premier jour il y aura eu malentendu. Il n’est pas tout de parvenir à énoncer clairement un propos, encore faut-il l’entendre pleinement. Entre les deux, entre la bouche qui profère et l’oreille qui écoute, il y a : rien. Le rien du monde, c’est-à-dire tout le monde. Et dans cet entre-deux il y a tout le risque que tout le dit se perde.
2.2.1 Depuis le premier jour ? Dès le premier jour ? Mais il n’y a pas de premier jour. Il n’y a pas d’origine, cela est impossible. La demi-vie du radium mime le paradoxe d’Achille et de la tortue. Il nous est impossible de remonter au premier jour car il n’y a pas de premier jour. S’il l’on admet la discontinuité dans le monde, on oubliera vite son caractère discret. Ou bien on l’avancera par précaution : la convention.
2.2.2 Dès le premier jour, malentendu + Malentendu sur le jour (un rendez-vous manqué) : comme nous parlons avec les mots, comme nous pensons avec les mots, nous ne pouvons pas nous échapper des mots, du langage. Tout notre monde passe par le langage qui est un préservatif sur le monde. Je dis une fleur (Mallarmé) ou une femme (Blanchot), mais la femme ou la fleur, on s’en passe.
2.2.3 Il n’y a pas d’autre moyen d’appréhender le monde qu’au travers du langage. Donc si tout commence avec les mots, tout commence avec le malentendu et, mieux encore, le risque de malentendu.
2.3 Le monde se répète. Si le monde est borné entre deux instants ou espaces où, à la différence de notre quotidien, existe rien plutôt que quelque chose, il convient de noter que ces ramifications se succèdent — ou semblent se perpétuer, alors qu’en vérité elles s’intègrent.
Intervient alors cette autre forme qui autorise cette non accumulation excessive, et qui est le pli. Le pli interrompt, mais autorise la symétrie et donc le rythme, la répétition. Est-ce que les ondes de la mer sont un graphe ? Je ne sais pas. Est-ce que le balancement des saisons est un graphe ? Je ne sais pas. Ce que je sais, c’est que les saisons comme les ondes, dans le cadre général de ce qui est (en ce sens l’être n’est qu’une bulle, une niche dans le néant, l’une de ses modalités peut-être — c’est tout le sujet de la métaphysique), semblent être de toute éternité et semblent poursuivre de toute éternité.
[à développer…]
La tectonique épistémique
3.0 Le découpage qui suit m’apparaît à présent très clair, même si, comme pour beaucoup des éléments que j’avance dans ce travail, je n’ai pas toujours la possibilité, la compétence suffisante pour étayer ce que j’avance à part le vertige bouillonnant des lectures, débats, émissions ou documentaires divers, combinés à l’expérience personnelle.
3.1 J’ai donc l’intuition forte que la connaissance du “réel” que peut avoir l’homme (aussi bien l’espèce que telle société ou telle personne prise isolément) se traduit sous la forme d’une interprétation de celui-ci : une traduction en somme, et ceci est évidemment dû en partie, en grande partie, mais pas seulement, au piège du langage [cf. infra]. J’en suis venu ainsi à considérer que la philosophie, ou la psychanalyse, ou le christianisme, par exemple (et l’on peut multiplier tous les exemples : poésie, toute autre religion, marxisme, par autres exemples ; ces trois-là ne sont pas ici cités pour leur qualités propres ou pour ce qu’on pourrait appeler leur primauté sur tous les autres : ce sont des exemples qui me viennent comme ça) sont des modèles interprétatifs différents (un peu à la manière de lexiques différents), tantôt complémentaires et tantôt antagonistes, parfois d’inspiration holiste et parfois d’inspiration réductionniste, parfois de facture nominaliste et parfois de facture essentialiste, sans compter que ces modulations peuvent se combiner à leur tour, d’une seule et même chose : le réel [cf. infra], fût-il fragmentaire, infini, parcellaire ou inatteignable.
Ces théories, disons ces doctrines, se mêlent ou s’opposent, mais forment des régions ou de territoires ayant chacun leur histoire, leur vie, leurs limites et problèmes.
Comme les connaissances ont plutôt tendance à s’accumuler, ou plus justement, que ces régions sont potentiellement en dynamique, j’entrevois qu’elles forment, selon divers degrés d’apparentements, de grandes plaques du savoir.
3.2 Je vois que les régions sont le fruit des écarts et des frictions de trois grandes plaques qui structurent l’humain (toujours de la personne à l’espèce, via la société), c’est-à-dire trois grands modèles d’appréhension du monde. Les voici, sans que l’ordre, une fois encore, ne veuille souligner quelque primauté de l’une sur l’autre.
3.2.1 L’appréhension du monde comme un dehors, indépendant, observable, mesurable. C’est le grand continent de la Physis. La physique, dont la physique quantique, la biologie, dont la génétique mais aussi une partie des théories de la perception, de la phénoménologie et de la psychologie, l’écologie, et plusieurs autres régions moindres (la statistique, la géométrie, une partie des sciences politiques, une partie de la géographie, etc.)
3.2.2 L’appréhension du monde à travers la raison qui est l’apanage anthropique, positive et faite de langage. C’est le grand continent de la Mathésis3, logos pourrait être un terme englobant les trois autres.]. Une partie de la philosophie, des sciences dites humaines ou sociales, la politique, sont les régions de ce continent, ainsi qu’une partie des mathématiques, l’algèbre par exemple, en tant qu’elles sont considérées comme un langage absolu, dénué d’ambiguïté
3.2.3 L’appréhension qui considère l’existence d’un ailleurs au monde sensible. C’est le grand continent du Mythos4. L’imaginaire est la plus vaste région de ce territoire, qui englobe à la fois les arts, mais aussi les vastes et irrésolues domaines de la foi et de la spiritualité.
3.3.1 Il convient de préciser d’emblée que ces territoires sont en perpétuelles dynamiques, écartements et frictions comme les plaques terrestres, mais comme il s’agit avant tout de logos, leur logique propre ne saurait être simplement tridimensionnelles : il y a des recouvrements et des mélanges, il y a des apports, des dépôts, des intrications plus ou moins visibles ou lisibles, et en tout cas il n’y aurait pas d’étanchéité entre toutes les régions, la seule étanchéité étant celle du cadre prédéfini [cf. § 1-2].
3.3.2 Il faut considérer que ces trois continents, Physis, Mathesis et Mythos, sont trois polarités du Logos et, comme les trois couleurs fondamentales peuvent se mélanger, les différents modèles théoriques se positionnent entre ces trois polarités en même temps.
3.3.3 Il est également possible que ces pôles ne soient pas les seuls, et probable qu’ils ne soient pas suffisants. Il est par ailleurs très difficile pour nous autres humains d’envisager des configurations à plus de 3 dimensions, et a fortiori à n dimensions.
3.3.4 Toute pensée humaine (noesis), structurée dans cette polarisation fluctuante, produit des théories différentes (selon toutes sortes de facteurs liés à la langue, à la culture, à l’histoire, etc.) plus ou moins mâtinées de physis, mathesis et mythos, et si je ne vois pas comment on peut contredire ce fait, je ne conçois pas plus qu’une épistémè digne de ce nom (ce qui suit en est un laborieux exemple) puisse se dispenser de l’une ou l’autre de ces trois dimensions, ni même qu’elle prétende n’en privilégier qu’une sans saisir, consciemment ou non, ce qu’elle perd en négligeant les autres.
« Le vase est clos »
4.0 Mais si on n’est pas (ou plus ? cf. instinct, infra) en mesure d’atteindre le monde sans miroir déformants ou pinces monseigneur, de la même manière il nous est impossible de considérer l’objet de notre étude comme un au-dehors de nous, tel Sirius, comme un objet d’étude. Nous sommes nous-mêmes prisonniers dans l’objet et l’examen nécessitera une grande humilité et une grande puissance psychologique pour admettre qu’en désignant des évènements nous désignons un peu aussi nous-même.
4.1.1 Le poète dit : « Il traduit aussi le Monde, celui qui voulait s’en échapper. Qui pourrait échapper ? Le vase est clos. »
4.1.2 Il n’est pas seulement maladroit ou nocif, de considérer une carte, un modèle, une vademecum puisse être objectif, cela est également totalement illusoire. Il n’y a pas d’objectivité, non seulement car il n’y a pas d’objet, c’est-à-dire de réalité qui échappe au prisme de la conscience d’un humain (pour l’instant je préfère ne pas utiliser le terme d’individu), mais en plus car il n’y a pas non plus de regard objectif, c’est-à-dire tout à la fois neutre et anonyme : il n’y a que de l’investi et du personnalisé (pour l’instant, j’ajouterais : quelle que soit le degré de libre-arbitre que se donne le sujet : combien au sérieux il se prend pour un individu).
[à suivre…]
Table des graphes
5.0 Le tableau qui suit présente les domaines, les provinces, comme on dirait, du savoir, de l’épistémé.
[à développer, ainsi que chacun des points suivants]
5.1. Physiographie Ce domaine concerne tout l’inerte, les lois physiques qui s’imposent à nous et
5.1.1 Lois et hasard
5.1.2 La vie
5.1.3 Eros et Thanatos
5.2 Ecographie. Ce domaine concerne tous les apports — négligés hélas aujourd’hui — de l’écologie comme science, et en particulier la nécessité de l’appréhension du tissu organique, depuis la cellule jusqu’au biome
5.2.1 Ecosphère et biodiversité
5.2.2 Le problème de l’espèce
5.2.3 L’intégration du vivant
5.2.4 Le milieu et l’habitat
5.3 Chorographie. Ce domaine concerne l’une des modalités de vivre des êtres humains, à savoir la société et, inexorable corrolaire, la politique.
5.3.1 Territoire
5.3.2 Terroir
5.3.3 De la tribu à la famille
5.3.4 De la famille à la société politique [la politique était entendue comme un domaine spécifique, mais pour l’instant je l’intègre à celui-là]
5.4 Psychographie. Ce domaine concerne plus particulièrement le domaine psychologique.
5.4.1 L’individu absent
5.4.2 Propriation, appropriation
5.4.3 Tout est fiction
5.5 Allographie. Ce dernier domaine concerne l’idée d’un ailleurs, et touche aux deux frontières mal dicible de l’art et de la métaphysique et se traduit — qui sait — en éthique.
5.5.1 Art
5.5.2 Esprit
5.5.3 Pensée
5.5.4 Ethique
Scolies
§. La multitude et Spinoza. Le fourmillement anonyme contre le nom propre : très vite il apparaît que pour informer le monde, c’est-à-dire pour en rendre compte (ces deux notions sont transverses et empreintes de rétroactions), aucune singularité n’est clairement définissable et, seule la prise en compte d’une potentielle société, dite ici multitude, c’est-à-dire un ensemble non déterminé, non assigné, non nommé, non spécié, non spécialisé, c’est-à-dire encore non pas une société définie, pas une collectivité, pas une masse populaire ou un peuple, pour l’instant simplement une multitude indifférenciée, c’est-à-dire tout simplement le nombre face à l’unique ou au seul.
- 2 ↩
- Je ne sais pas si on peut ici déjà marquer la différence, déjà et ici, entre un penseur et un sage, une espèce de mystique, mais en tout cas je ne mettrais pas Montaigne chez les philosophes je ne sais pas bien comment dire pourquoi. ↩
- Je ne sais pas comment dire que le terme de Logos, en tant qu’il se définit au regard des deux autres, me paraît insuffisant : si le logos est un discours sur le monde, il n’est pas moins juste ou vrai que le mythos ou la physis. Comme j’ai tenté de le souligner il y a longtemps par ailleurs [cf. « Le mythe du mythe » in Chauvin, Siganos et Walter, Questions de mythocritique, Paris, Imago, 2004 ↩
- Là encore j’ai longuement hésité à dénommer ce territoire Métaphysis, non pas seulement pour les a priori négatifs que ce terme porte, mais parce qu’il tire à lui une vision erronée à mon sens des régions de l’art et de la spiritualité. ↩