Depuis quinze jour que le croup me tient, cette nuit a été l’acmé, l’une des plus nocives ; je ne tiens relation que du remarquable. Cette nuit, réveillé par l’insidieuse, qui se flatte et se fait passer pour libératrice, je me réveille par étouffement, toujours ces tiges d’acier dans le larynx, et ce craquètement, cet ébrouement de la gorge.
Cette fois, cela semble se préciser par harassement, jusqu’aux tréfonds de la machine, dans les conduits les moins soupçonnés. Et je crache. Rien, ou plutôt, ce que le rien produit d’effort, de blessure, de saignement ; la toux insidieuse provoque la toux mécanique.
Rien n’y fait, la trachée, crachée, reste inerte sur la table. J’enregistre ces sons d’oiseaux vers les volcans, ces sons de bêtes mal comprises, errantes, ces sons d’insectes qui déchiquettent.
Je me recouche et tousse encore un peu. Le corps alors est atteint. Une douleur dans les bronches ; une toux autour de la plèvre ; une aux abdominaux. Et la fatigue qui perle aux yeux, qui sonde l’esprit la journée.
Mais la plupart du temps j’accepte mon sort non avec mépris, ni avec sagesse, mais comme la présence qui accompagne, partenaire invisible puisqu’en fin de compte je suis aussi le croup, la toux, et les divers squames que j’arrache à mon corps comme des macles d’ardoise sur la falaise pour ne pas tomber, ou des tessons pour une œuvre nouvelle, qui impliquerait le corps et son défaut.