Nomen est onem, disait l’autre, sur la route de Θούριοι, alors que je visitais les terres du sud avant mon départ pour l’Orient, « et tu devras assez vite forger le tien, ô Cæsar ». Leurs flatteries ne m’atteignent pas.
Lorsque je
Chaque matin, il se promène le long des murs sud, qui donnent sur la place publique. Les herbes ont été coupées, de terrasse en terrasse, et leurs restes couleur d’or jonchent le sol dur, qui le rendent glissant. Il aime chaque matin à pisser là, au-dessus du vide.
Un matin il trouve le cadavre d’un petit animal sur le chemin — il prend pour un bon présage le fait que les petits os sont tous alignés en forme de figure de Yi-king. Sans doute une pelote de réjection qu’un prodige aura déstructuré en texte sur le chemin.
Un matin Un matin son esprit est occupé par des pensées trop larges : pourquoi le pouvoir de pisser, pourquoi celui de vie ou de mort, pourquoi le pouvoir de se faire servir, pourquoi le pouvoir du réflexe sur le corps et la volonté ? Tout cela n’est rien, que ferait un grec, il me faut plus de temps pour terminer mon œuvre, où est mon Agrippa, où est mon écrivain ? il me faut des cartes géographiques, il me faut le monde terraqué, il me faut des listes, des catalogues, des collections, il me faut d’autres écrivains, où est mon Virgile, reviens Virgile, que n’as-tu rejoint en Hadès ton Homère ou ton Dante, pourquoi m’as-tu laissé seul, pourquoi me laisses-tu seul ?
Il doit bien y avoir un moyen de communiquer avec les enfers, ô Pluton, ô Orphée, qu’on m’amène mon barde, non, mon tibia ma cithare je vais la faire moi-même, la catabase, je vais te retrouver ô Virgile, ô Pluton, malheureux petit chien perdu sur le chemin…
Ensemble de textes épars retrouvés lors de travaux d’adduction d’eau pour le nouveau centre pour touristes à proximité de la Domus Augustea, le Codex augusteus n’est encore que partiellement traduit et nombre de ses textes sont incompréhensibles. Sans doute écrits par de piètres poètes, peut-être des familiers ou même des esclaves érudits de l’empereur, ces textes évoquent non seulement la vie du palais sous le règne d’Auguste (en le prenant souvent pour cible et en le dépeignant comme un être cynique, désabusé, mélancolique et en proie à des lubies furieuses), mais aussi les conditions de vie, plus terre-à-terre du peuple (listes d’aliments ou d’ingrédients, livres de compte, mots échangés entre les serviteurs…).